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Ecrit le 19 novembre en 17

J le Q Martin-Garcia Brig.Goelette l'Agathe

écris encore le 4 janvier 1849

Mes chers parents,

 

C'est avec bonheur que je viens de recevoir votre lettre datée du 19 (ou 13?) avril (déjà) car j'y vois que votre santé était satisfaisante et que je commençais à être fort ennuyé de ne pas recevoir de vos nouvelles surtout apprès le grand événement qui nous a fait être républicains .. salué avec un cri de bonheur. Cette nouvelle république qui faisait la France si grande en la montrant si calme et si digne. Nous aussi avons crié en apprenant la conduite si belle des gardes nationaux et des militaires: « Vive la République, vive nos frères! » Nous avons tous applaudi aux choix de ces personnes qui se montraient aussi fermes que modérés, aussi grands que modestes. Mais hélas, quel est l'homme qui ne se laisse enivrer par la fumée des grandeurs ? Quel est l'idôle que l'encens ne finit par noircir? C'est d'après les nouvelles que nous recevons ce qui est malheureusement arrivé à la plupart de ces hommes qui arrivant à la tête du pouvoir se sont montrés comme un nouvel astre plein de magnificence et qui n'étaient au fond qu'une brillante fusée d'artifice tant leur éclat s'en est allé en fumée et bienheureux s'ils ne sont pas par leur manque d''h..... les premières causes d'anarchie pour notre belle patrie qu'ils avaient dans le principe tant rehaussée dans l'esprit des étrangers! Oh c'est qu'alors ce sera un compte bien terrible que celui qu'ils auront à rendre à Dieu, au pays et au monde entier dont ils auront compromis l'équilibre. Car il ne faut pas se le dissimuler, la France est une fumeuse volcan dont la moindre éruption produit des tremblements dans tout le globe. Tout notre espoir est dans cette brave garde nationale qui s'est toujours montrée si noble, si calme au milieu des commotions violentes dont notre belle patrie vient se repentir. Il est enfin dans le bon sens (bonheur?) de la France elle-même qui doit être vieille d'expérience quoique jeune de vigueur. Espérons donc, espérons car espérer, c'est vivre. Mais pourtant, prévoyons ce qui peut advenir. Qu'on m'appelle si l'on veut un prophète de malheur mais hélas, mes faibles connaissances politiques me laissent entrevoir dans le conflit des opinions, dans la folie de quelques hommes qui se disent républicains et ne sont que convulsionnaires, qui voulant être réformateurs et ne sont que destructeurs de toute loi et de toute morale. Les communistes en un mot, dans le triste état enfin et surtout de nos pauvres finances, me laissant entrevoir -dis-je – une nouvelle ère de terreur. Cette ère de terreur sera courte, j'en suis convaincu. La majorité des français a trop de bon sens. Cette majorité est trop supérieure et trop pleine de l'expérience de l'autre révolution pour qu'on la ..... autre chose qu'une sinistre lueur. Mais, pour fugitive que soit cette lueur, à craindre qu'elle ne soit comme une étincelle éléctrique qui, aussi rapide que la penséen'en n'implique pas moins sur son passage de la plus terrible et complète destruction. Dans cette triste prévoyance, voici ce que nous devrions faire et le reste de la famille si vous étiez menacés. C'est dans le haut du Parranio(?) un peuple paragayen qui n'ont pas encore été corrompus par la dominante civilisation des autres peuples de ce pays, peuple hospitalier où la vie est à bon marché, où avec un peu d'industrie, où avec mon état on peut largement gagner de quoi vivre. Dans un on s'embarque pour Montevideo et l'on va vivre dans ces pays qui sont dans une grande paix où si l'on est loin d'une patrie adorée, on vit au moins tranquille. Tout ceci du reste sont des prévisions qui j'espère me feront nommer mauvais prophète mais dans ce moment ci j'ai l'esprit si triste par les nouvelles de France et par l'infâme politique qu'on suit ici que je vois tout dans des couleurs sombres. On vient de nous apprendre -mais sans grands détails- la prise de la ville de la Colonia par les blancs par la faute de notre amiral. Il faut dire qui ferait croire qu'il cherche à ................ d'avis de ce nom français ceque sous l'ancien régime on l'avait nommé amiral à condition de prendre à ......... la Républiqu e de Montevideo. Pour ma part, je ne crois pas à autant d'infâmie de lui mais je crois qu'il a autant d'ignorance que de vanité et que c'est un poseur rien de plus. Enfin Dieu sait ce qu'on pense ici des français. Je n'ai pas reçu la lettre que tu me dis renfermer une de Mr Loule. La dernière que j'ai reçue de vous est du commencement de janvier. Je crois bien qu'un grand nombre de vos lettres ne se perdent car la majorité de notre escadre est pour toutes choses et celles là en particulier d'une incurie inconcevable. Il faut du reste affranchir vos lettres sans cela on ne les envoie pas. A moi elles ne me coûtent absolument rien. On vous a trompé en vous disant que nous avions double solde. Tout ce qu'il y a en sus, c'est la moitié plus de traitement de table qui est dépensée et au delà dans ce maudit pays où tout est à des prix incroyables.J'ai pour 30 ou 40 ... de blanchissage par mois. Quand à la médecine civile des familles les plus à leur aise ont tout juste de quoi ne pas mourir de faim littéralement. On leur donne pour ration 6 onces de mauvais haricots par jour et par personne et la plupart sont......

Millions de baisers de votre fils qui vous aime plus que tout au monde

........petite Mathilde que je meurs d'envie de serrer dans mes bras

quand j'aurai plus de détails sur la prise de la Colonia je vous écrirai de nouveau